L’affaire Thomas LOOTEN à Méteren

Vers le milieu du XVIIe siècle, se manifeste en Flandre et en France, même à la cour de Louis XIV, une recrudescence de sorcellerie; ou plutôt les procès de sorcellerie se multiplient. Des personnages très illustres, comme le maréchal de Retz, y sont impliqués; le bourreau de Dunkerque se vante d’avoir exécuté « de sa propre main » 500 à 600 sorciers. A Meteren, un procès fut intenté en 1659, à Thomas Looten, marchand de bestiaux, âgé de 50 ans. Depuis quelque temps, des bruits se chuchotaient dans le village; on parlait de bêtes ensorcelées, de maladies bizarres, de personnes qu’on avait dû exorciser, surtout d’un jeune enfant mort dans des circonstances étranges; on se disait que des sorts avaient été jetés; on accusait Thomas Looten. Son gendre l’en avertit un soir, dans un cabaret; il refusa de prendre la chose au sérieux et se contenta d’en rire. Mal lui en prit. Sur l’injonction des échevins, le bailli Jean Van den Walle, dépose une plainte devant la Cour féodale de Bailleul. Le 22 septembre, Thomas Looten, saisi et garrotté, comparaît devant ses juges. Les témoins, au nombre de 18, dont Jean Baryzeel, lui reprochent d’avoir jeté des sorts sur des vaches qui crevèrent « ayant des signes certains d’ensorcellement dans les yeux et aux dents » ; sur des femmes et des enfants malades « les uns, guéris par les exorcismes du curé, des pères capucins ou d’autres religieux, les autres, restés malades malgré les exorcismes » ; sur des enfants « en leur distribuant des prunes » et l’un d’eux, le fils d’Adam Wicaert en était mort. Ils ajoutent que des crapauds, en sautant, faisaient cercle autour du feu; et surtout que Looten avait chez lui une boîte renfermant des vipères, des cheveux humains, des écales d’oeufs. Looten reste ferme et calme devant ses juges. Il explique plusieurs des faits, prétendus surnaturels, et nie énergiquement avoir été pour quelque chose dans le décès de l’enfant Wicaert, comme dans la perte des bestiaux. Il jure qu’il est innocent des faits qu’on met à sa charge. L’instruction terminée – elle avait duré cinq jours – le tribunal fait visiter le prévenu par l’officier criminel de Dunkerque, Noorman. Noorman enfonce à plusieurs reprises une épingle jusqu’à la tête entre les deux omoplates, sans que le prisonnier en souffre et sans qu’il en sorte du sang; il déclare sous serment que c’est bien là le stigma diabolique. Devant cette preuve juridique et vu les dénégations formelles de Looten, le bailli de Meteren demande la torture. La Cour l’ordonne. Looten la subit sans défaillance depuis 7 heures 30 du soir jusqu’à 3 heures du matin. Vaincu par les tourments, il fait quelques aveux. Ils sont jugés insuffisants. La torture recommence.

N’en pouvant plus, il finit par passer les aveux suivants que la sentence enregistre:

1) Il est sorcier depuis huit ans; son diable s’appelle Karlakyn, est habillé de bas verts, a les pieds petits, étranges et fourchus. C’est de lui qu’il a reçu le signe dans le dos ; « en ce moment, dit-il, son émotion avait été si grande qu’il en avait tremblé » ; il a signé un pacte avec du sang tiré de son pouce par Karlakyn.
2) A diverses reprises, la nuit de la St Jean et de la Toussaint, il s’est trouvé au sabbat à Hondeghem, Steenvoorde, Ste Marie-Cappel et Blaringhem. Au milieu des orgies, le diable apparaissait sous les traits d’un beau jeune homme, habillé avec luxe; on l’adorait et chacun lui faisai t une offrande en déposant un patard sur son chapeau.
3) Il a reçu de l’argent de Karlakyn, une fois au moins 18 livres de gros, avec lesquels il a acheté 4 vaches.
4) Son diable lui a donné un « onguent vert » avec lequel il se frottait pour voler dans les airs: ce qu’il avait fait à Merris et à Hondeghem ; et une « poudre verte » pour ensorceler les bêtes et il en avait usé en maintes circonstances.
5) Enfin Karlakyn l’a soutenu dans ses peines jusqu’à mardi, jour où il l’a abandonné vers 9 heures du matin.

Condamné, Thomas Looten est reconduit en prison. Le lendemain, vers huit heures, on le trouve mort dans sa cellule et la sentence dit officiellement: le cou brisé par le diable, ainsi qu’il a été justifié par la Cour. Le cadavre est trainé sur un échafaud dressé sur le marché et, de là, transporté au Ravensberghe pour y être exposé sur une roue, « afin de servir d’exemple » (1).

Abbé René BEHAGUE – Essai d’histoire d’une commune flamande METEREN, C.F.F., 1932

(1). Le peuple a, de tout temps, cru aux sorciers. On y croyait en Flandre (Cf. Bertheaud, Légendes surnaturelles de la Flandre) et la croyance y était entretenue particulièrement par les récits entendus aux « veillées ». L’imagination populaire a peut-être « créé » les sorciers; mais ce sont les légistes qui ont créé le « fait juridique » de la sorcellerie; c’est leur code qui est le vrai responsable des exécutions capitales; et ce code, est-il besoin de le dire, n’est basé ni sur des données religieuses certaines, ni sur des faits scientifiquement vérifiés.

Accusé publiquement d’être sorcier, Thomas Looten s’était mis volontairement entre les mains de la cour féodale de Bailleul, afin de se disculper de cette imputation.
On ouvrit aussitôt une instruction, elle commença le Jeudi 22 septembre 1659, et le 27, après avoir entendu les témoins, l’instruction préparatoire terminée, la cour avait ordonné que Looten serait transféré dans la prison de Bailleul.
Dans ces procès tout marchait vite, et dans celui dont nous nous occupons cinq jours à peine avaient suffi pour éclairer la religion des juges.

Le bailli de Méteren avait dressé lui-même les questions qui avaient été posées aux témoins et à l’accusé. L’interrogatoire de Looten ne portait nullement sur le fond même de l’accusation, mais sur une foule de détails insignifiants recueillis dans l’instruction préparatoire, laissant de côté tout ce qui touchait directement à la sorcellerie.
Quoiqu’il en soit, Looten resta ferme devant ses juges, expliqua plusieurs faits prétendus surnaturels, reconnut pour vraies quelques circonstances secondaires, et nia énergiquement avoir été pour quelque chose dans le décès de l’enfant de Wycaert, un des témoins, auxquels il avait donné quelques prunes, et dans la perte des bestiaux dont il était accusé par d’autres témoins.
Looten savait lire et écrire et possédait, ce qui est certain, une intelligence supérieure à celle de ses juges. Il termina ses déclarations en disant : « qu’il n’entendait pas se servir de reproches, qu’il ne lui fallait ni avocat ni procureur, qu’il était innocent des faits qu’on mettait à sa charge, et que les hommes de la Cour pouvaient prononcer contre lui telle sentence que bon leur semblerait, mais qu’ils aient à le bien juger, afin de ne pas s’exposer à subir plus tard un terrible châtiment ».

Ici apparaît un autre personnage dont la déclaration devait avoir pour Looten les conséquences les plus épouvantables. Le premier novembre, le bourreau de Dunkerque se trouvant accidentellement à Bailleul, fut officiellement commis par la Cour, à la visite corporelle, afin de savoir si Looten n’avait pas le stigma diabolique.
Le prévenu est donc amené devant les juges, on le déshabille, et le bourreau procède à la visite. Après quelques recherches sur toutes les parties du corps, l’officier criminel déclare que le prisonnier portait le stigma au milieu du dos, entre les deux omoplates.
Nous donnons la copie du procès-verbal qui a été dressé, l’original de cette pièce a été déposée aux archives de la mairie de Bailleul.

« Le premier novembre 1659, en présence du bailli; M. Gilles Velle, l’ancien ; MM. Pieter Biezéval, Pieter Boddaert, Gille Velle, le jeune ; Guillaume Bubbe, M. Jan Walle, hommes de la Cour, M. Van Drynckam, M. Jan Baert, Charles Van Costenobel, M. Robert Corteel et M. Frans Ysebrandt, dans l’affaire du Bailli de Méteren, causa officij, demandeur, Contre et à la charge de: Thomas Looten, prisonnier, défendeur ».
Puisque l’officier criminel de Dunkerque se trouve dans cette ville, les bailli et juges ci-dessus dénommés ont décidé qu’ils feraient visiter le prisonnier en leur présence pour voir et examiner si ledit prisonnier n’avait pas le stigmate diabolique. En conséquence, le prisonnier ayant été amené, déshabillé et visité par ledit officier, il a été reconnu que ledit prisonnier avait le stigmate diabolique au dos entre les deux omoplates, que ledit officier criminel y avait enfoncé, à plusieurs reprises, une épingle jusqu’à la tête sans que le prisonnier en souffrît et sans qu’il sortît du sang, quoique ledit officier pressât dessus pour qu’il pût en sortir.
Le prédit officier criminel a déclaré sous serment que le prisonnier avait le signe diabolique, qu’il avait visité et exécuté cinq à six cents sorciers ou sorcières et qu’il connaissait parfaitement ledit signe. Marque de Jan Noorman, officier criminel.

Plus de doute possible, Looten était bien et dûment convaincu d’être sorcier. Aussi le bailli ne perdit pas une minute pour que justice fût faite, et ce même jour, la cour condamna Looten à la torture pour obtenir par ce moyen, l’aveu des faits mis à sa charge.

LA TORTURE.

Le 2 novembre, au matin, les vingt-quatre hommes de la cour féodale dont les noms suivent furent tirés au sort pour assister par lots de quatre à la fois au supplice de Looten.
Voici ces noms tels qu’ils sont écrits au dossier: Velle, l’ancien ; Biezewal, Boddaert, Drinckam, Mre Jan Waele d’Heer (monsieur Jacques Van de Walle, (bailli de Méteren) J. de Mey, H. Ellieul, Velle, le jeune ; Den Schoudt (l’écoutête), Pr Inghelveert, Craye, M. Corbeel, M. Camerlynck, C. Costenobel, F. Isebrandt, Jooris Isebrandt, Mahieu de Coussemaecker, Jan Baert, Charles Vitse, Antheunis Theeten, Den Amman (l’amman), M. Jan Cleenvewerck (Cleenewerck), M. Guillaume Bubbe.
La première épreuve devait durer douze heures, depuis 6 heures du soir jusqu’à 6 heures du matin.
Le moment venu, Thomas Looten fut dépouillé de ses vêtements jusqu’à la chemise et attaché sur une chaise en bois de chêne, un collier de fer fixé par derrière dans le dossier enserrait le cou du patient pour l’empêcher de remuer la tête; les jambes étaient écartées et solidement garottées sous la chaise, de façon à présenter en avant le dessus des pieds; les bras étaient pendants et liés aux deux grands montants parallèles.
Ces préparatifs amenèrent quelque retard, et la torture ne put commencer à l ‘heure fixée. Enfin à sept heures et demie tout était prêt. En présence de Jan Waele, l’écoutête, Charles Costenobel et Guillaume Bubbe, (tous hommes du premier lot) assistés de Jacques Vande Walle, bailli de Méteren ; Henri et Jacques Ellieul, le prévenu, ainsi lié et garotté, fut placé devant un grand feu.
La douleur devint bientôt atroce, mais Looten supporta courageusement ces souffrances jusqu’à 3 heures du matin.
Alors, en présence des hommes du 5me lot, les sieurs Boddaert, Ellieul, Corbeel et Cleenewerck, l’accusé affirme et déclare pour vrai et véritable que Robert Beecke, au cabaret de Jan Boone, l’avait publiquement accusé d’être sorcier, ainsi que le témoin Jan Bariseel en avait fait la déclaration dans l’ instruction.
Les témoins à la torture ayant demandé à quel enfant d’Adam Wicaert, Looten avait donné des prunes, celui-ci répond en avoir donné à tous les enfants et avoir appris plus tard qu’un de ces enfants était tombé malade et avait succombé. Il déclare aussi avoir compris, d’après quelques paroles de Marc Heems, son beau-fils qu’il avait, lui Looten, la réputation d’avoir ensorcelé ledit enfant au moyen de ces prunes. Sur la demande pourquoi il n’a pas porté plainte en justice à propos de cette accusation, il répond qu’il l’a fait et que le bailli avait ordonné l’incarcération de Heems. Ces déclarations n’étaient d’aucunes valeur réelle et ne constituaient aucun aveu, aussi, les hommes de fief décidèrent que la torture serait continuée le jour même avec adjonction de deux PP capucins.

Nous ne connaissons pas les suites du premiers acte de ce drame. Le procès-verbal de cette seconde torture manque, toutefois nous trouvons l’ordonnance suivante :

Den (le) iiij novembre 1659. Dans la cause de M. Jacques Vanden Wall, le jeune, bailli de Méteren, causa officij, demandeur, contre: Et à la charge de Thomas Looten, priossnier, accusé de sorcellerie, défendeur. En présence de Mre Gilles Velle, l’ancien, Mre Pieter Bieswal, Pieter Boddaert, Mynheere (Monsieun Van Drincham, Mre Jan Cleenewerck, Mre Robert Corbeel, Mre Gilles Velle, le jeune ; Mre Jan Waele, d’heer (Monsieun Jacques Vande Wall, l’ ancien, Pieter Inghel wert, Frans Cauwersyn, Mahieu de Coussemaker, d’heer Charles Van Costenobel, Mre Guillaume Bubbe, d’heer Guillaume de Vryere, Jooris Isebrandt, d’heer Antoine Hersin et sieur Hendrick Ellieul, homme de la Cour ,
A la requête dudit bailli, l’officier criminel entendu a déclaré que la forte constitution du prisonnier permettait de recommencer les tortures; que, par suite de cette déclaration, les hommes de la Cour prénommés ont décidé de les continuer à discrétion jusqu’à nouvel ordre, en mettant le prisonnier sur une autre chaise préalablement bénite, lui mettant une autre chemise bénite et le frottant par tout le corps avec de l’eau bénite ; puis, priant les révérends pères capucins de renouveler leurs exorcismes, ils décidèrent que la question serait subie aussi longtemps que les hommes de la Cour qui seraient près du prisonnier le croiraient nécessaire, en prenant toutefois l’avis du docteur qui jugerait à quel moment les forces du patient seraient épuisées par les souffrances.

Acte, date que dessus :

Il ordonnèrent en outre que la nourriture et les boissons seraient bénites ainsi que le bois que l’on ferait brûler dans l’âtre devant lequel il serait assis; bénits aussi les liens avec lesquels ses bras seraient liés près des poignets. Cette fois l’expérience fut décisive; le malheureux, anéanti par la douleur, avoua. C’est ce qui résulte de l’état de frais du procès :

Le supplice fut arrêté et l’on reconduisit Looten en prison.

Que se passa-t-il ensuite ?
Le lendemain soir, vers les huit heures, quand on alla le voir, Looten avait cessé de vivre : Il avait le cou brisé, dit le même état de frais. Les souffrances horribles qu’il avait endurées l’avaient tué, son cadavre restait, l’arrêt va nous dire ce qu’on fit et en quoi consistaient les aveux arrachés au supplicié.

La question des brodequins

LA SENTENCE

Vu par les hommes de la Cour première féodale de la ville et Cassellerie de Bailleul, le procès criminel par eux instruit entre le bailli de Méteren, à cause de sa charge, demandeur, d’une part,
Et Thomas Looten, prisonnier, défendeur, d’autre part,
Le défendeur accusé de sorcellerie s’est remis à la discrétion desdits hommes de la Cour et pendant l’instruction du procès il a, de son propre aveu, reconnu :
Qu’il était sorcier depuis environ huit ans, que son diable s’appelait Karlakyn, qu’il était habillé de bas verts, avait les pieds petits, étranges et fourchus; que c’était de lui qu’il avait reçu le signe sur le dos et que son émotion en ce moment avait été si vive qu’il en avait tremblé ;
Que ce même diable lui avait alors remis de l’argent et qu’il avait signé un pacte avec du sang tiré de son pouce droit par Karlakyn ;
Qu’il avait bu à Haesebroucq deux pots de bière et qu’à Merris, à onze heures de la nuit près le tilleul où demeure Adrien De Groote, il avait tenu sabbat avec trois ou quatre femmes, dansant aux sons de la flûte jouée par un jeune garçon, couchant sur l ‘herbe avec une des plus belles et ayant avec elle des rapports charnels ;
Que de là il s’était rendu vers Langhewaert où se trouvaient xiiij femmes, IV hommes xiiij diables, mangeant ensemble de la viande semblable à de la viande de veau, buvant de la bière et d’autres boissons ressemblant à du cidre de couleur rougeâtre, sans que le sel figurât au repas.
Qu’à diverses époques la nuit de Saint-Jean et de la Toussaint il était au sabbat, à Hondeghem, à Sainte-Marie-Cappel, à Steenvoorde et à Blaringhem ; à Hondeghem, dans une grande rue à peu de distance au nord, à Sainte- Marie-Cappel dans une grande rue, à Steenvoorde dans le bas au sud, à Blaringhem dans une rue au couchant, toujours en compagnie de femmes avec lesquelles il avait des rapports charnels et chaque fois avec une autre femme ;
Que dans ces réunions, on adorait le démon qui était habillé avec luxe, qu’il apparaissait sous les traits d’un beau jeune homme et que chacun lui faisait son offrande en mettant un patard sur son chapeau ;
Qu’ensuite il avait reçu de son diable à Haesebrouck viij patards en solds de Zélande et avec cet argent et celui qu’il possédait il avait acheté deux porcs; qu’il avait touché du même diable en différentes fois au moins xviij livres de gros avec lequel il avait acheté à Cassel et à Haesebroucq quatre vaches qu’il avait ensuite vendues chez lui et à Bailleul, et reçu un onguent vert avec lequel il se frottait l’aîne, les bras, les mains et autres endroits pour voler dans les airs où il désirait; qu’il en avait quelquefois en telle quantité, qu’il pouvait s’en servir deux ou trois fois; que c’est ainsi qu’il avait fait deux ou trois voyages en volant de sa maison chez Adrien De Groote et la dernière fois à Hondeghem, il y a environ deux mois ;
Qu’il a reconnu que son diable l’avait secouru dans ses peines jusqu’à mardi, jour où il l’avait abandonné vers 9 heures du matin ;
Qu’étant en prison il était venu le visiter dix à douze fois et avait supporté pour lui les douleurs de la torture, lui faisant entendre qu’il lui donnerait toutes les satisfactions qu’il voudrait avoir ;
Qu’il avait reçu ensuite de son prédit diable une poudre verte pour exercer sa sorcellerie, ce qu’il avait fait à Hondeghem en ensorcelant un veau rouge au dos blanc, ce que le diable lui avait payé deux sous et demi de Zélande ; Idem, un cheval de Guillaume Herman à Méteren, ce qui lui avait rapporté un florin ; Idem, deux vaches de Claude Pouvillon, pour chaque XX patards, trois vaches de Maerten Kesteloot, XVI patards par vache; Idem, la vache de la femme de Mathieu Wyts, X patards en petits sous; Idem, une génisse rouge de Jacques Durant, V patards en sous françois sans croix; en sus d’autres exécrables et abominables faits mis à sa charge; enfin après avoir subi la torture penant environ XX heures, ledit diable lui brisa le cou et l’étrangla, ainsi qu’il en a été justifié à la Cour,

C’est pourquoi la cour faisant droit a condamné et condamne par ces présentes ledit cadavre à être traîné sur un échafaud dressé sur le marché, et ensuite transporté au Schavenberghe, place patibulaire, pour y être exposé sur une roue (1) afin de servir d’exemple, confisquant en outre tous les biens du dit Looten au profit de qui il appartient, frais de droits de justice préalablement prélevés.

Ainsi prononcé au Conseil de la Cour le 6 novembre 1659. Nous nous garderons de commenter ce récit qui est la reproduction de ce monstrueux procès, et nous laisserons le lecteur sous l’impression de ce drame épouvantable, sachant que notre plume ne pourrait rien ajouter à l’horreur dont il sera saisi pour les bourreaux, ni à la pitié qu’il ressentira pour cette intéressante et malheureuse victime.

Charles TAVERNE DE TERSUD – Hazebrouck depuis son origine jusqu’à nos jours, 1890

(1). Le supplice de la roue était un des plus horribles en usage au XVlle siècle.
Voici en quoi il consistait : on plaçait le condamné les jambes écartées et les bras en croix sur deux madriers disposés en croix de Saint-André et taillés de façon à ce que chaque membre portât sur un espace vide. Le bourreau lui brisait tous les membres et la poitrine à coups de barre de fer. On appliquait ensuite le corps du patient sur une petite roue suspendue à un poteau en ramenant les jambes et les bras brisés derrière le dos et en lui tournant la face vers le ciel, afin qu’il expirât dans cette position. On épargnait souvent au condamné les douleurs atroces de ce supplice en l’étranglant avant de le lui infliger.

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